Enfants surdoués, et les adultes ?
Beaucoup utilisent le blog afin d'extérioriser leurs craintes ou de mettre à plat leurs soucis et angoisses. Le but n'est pas d'être lu, d'ailleurs il y a peu de chance que je le sois. Je désire seulement écrire, aujourd'hui, ce qui me tient à coeur.
Un sujet très à la mode est de parler des enfants précoces ou surdoués. Ce sont un peu des bêtes de foire participant à la valorisation de leurs parents, en règle générale. De nombreux reportages sont diffusés afin de montrer leurs talents ou leurs difficultés à s'intégrer dans la société. Mais l'on ne parle pas des adultes. Pourquoi ?
Déjà, un adulte, c'est moins "chou"... moins touchant qu'un enfant et donc moins porteur médiatiquement. Ensuite, le terme souvent utilisé est enfant " intellectuellement précoce". Ceci implique que l'enfant sera intellectuellement rattrapé à un moment ou à un autre. C'est donc porteur d'espoir pour ceux qui n'ont pas eu la "chance" d'être précoce.
Pas de chance pour moi, j'ai été un enfant "intellectuellement précoce". Cependant, aujourd'hui je suis un adulte de trente ans, et je n'ai pas le sentiment d'avoir été rattrapé.
Quelle prétention de ma part que de me croire supérieurement intelligent, n'est-ce pas ? Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, la dernière personne à se penser comme tel est la personne concernée. Pour moi, il s'agit plutôt d'un constat qu'il m'a fallu admettre au fil du temps, malgré les tests psychologiques. Je prends donc cela comme un fait, et je l'accepte depuis quelques années seulement.
Dans ce message, je ne veux pas m'étendre sur les problèmes ou joies apportés par cette situation lors de mon enfance. J'ai seulement envie de parler de l'âge adulte. Je souhaite parler de mon expérience actuelle.
Etre adulte, intégré socialement et professionnellement, change la donne. Les situations sont parfois même cocasses. Lorsque l'on est enfant ou même étudiant, réussir scolairement mieux que les autres (je parle de la scolarité car comme la profession c'est un référant majeur de notre société) peut-être nuancé par un moyen très simple : "il travaille plus que les autres". Et croyez-moi, se cacher derrière cela est une facilité utilisée aussi bien par les autres que par l'enfant précoce. Pourquoi se justifier ?
Mais lorsque l'on est salarié dans une entreprise, votre travail se fait en direct. Votre collègue, expérimenté, vous explique quelque chose dans la matinée. Il vous demande de bien écouter car c'est très compliqué, d'ailleurs il fait cela depuis deux ans et commence seulement à comprendre le fonctionnement. Seulement, dans l'après-midi, passant aux travaux pratiques, vous terminez ce que vous aviez à faire ainsi que ce que votre collègue avait à faire. Imaginez l'échange de regard avec ce collègue qui peut résulter de cette situation.
Bref, une fois sorti du système scolaire, on se dit que ça y est, on est plus "précoce". On a enfin été rattrapé et c'est tant mieux ! Mais pas de chance, c'est reparti pour un tour, dont, d'un seul coup, on ne voit pas le bout.
Ensuite, je m'imagine dire à ma petite amie :
"Ma chérie, en ce moment ça ne va pas, je suis déprimé...
_ Oh... Pourquoi donc mon poussin ?
_ Parce que je suis trop intelligent bouhouhou......."
Situation étrange, non ?
Bon... tout cela n'est pas bien grave me direz-vous. Cela vaut mieux que de nombreux autres problèmes. C'est vrai, je l'avoue. Si ce n'est ce grand sentiment de solitude, d'être seul au milieu d'un tourbillon de vide noir. Cette impression d'insatisfaction continuelle. Comme si une dépression latente se trouvait continuellement au-dessus de sa tête. Le sentiment d'une impuissance et d'incompréhension totale.
Comme pas mal de gens, pourrait-on me rétorquer.
Oui, mais chacun ne cherche-t-il pas, justement, à libérer ses angoisses ? Moi, j'ai la chance de savoir d'où elles proviennent en majorité. Alors j'extériorise...