Se protéger d'un monde différent
Bon, je tiens quand même à préciser un truc : tout ce que je raconte sur ce blog relève de mon expérience personnelle et de mes réflexions. En aucun cas tout ceci a été validé par des psychologues (bien que j'en ai rencontré).
Lorsque l'on est surdoué, on vit dans un monde à soi, auquel les autres n'ont pas accès. Il y a des choses que l'on ne comprend. Le plus souvent, on est mal à l'aise avec les gens de son âge parce que l'on possède une plus grande maturité d'esprit, mais l'on ne se sent pas mieux avec des gens plus âgés car on a tout de même les désirs de son âge. En fait, on se trouve toujours en décalage.
Bon, encore une fois, certains ont trouvé le moyen le plus simple pour régler le problème : on a qu'à les mettre ensemble. Je crois que j'aurai détesté cela, parce que je serai sans doute devenu très fort en version latine, mais beaucoup moins pour draguer les filles.
Alors on se crée des boucliers. On essaie de passer inaperçu et de ressembler à tout le monde. Je crois être devenu un magnifique acteur. J'ai appris à surjouer mes émotions. Je sais m'enthousiasmer pour une chose qui ne m'intéresse pas mais semble énormément plaire à mon entourage. Je préfère suivre l'avis général que donner le mien, car j'ai le sentiment qu'il ne serait pas compris. Devant différentes personnes, j'aurai un caractère différent et des préférences différentes. Longtemps j'ai fait ce que l'on attendait de moi, et ce n'est que récemment que j'affirme ma personnalité, petit à petit. Il ne s'agit pourtant pas d'une rébellion, mais plutôt d'un désir de ne pas mentir à ceux que j'aime. J'ai besoin de cette honnêteté.
Une autre chose amusante, c'est que je me suis rendu compte que lors des conversations, que ce soit avec une personne de passage ou un proche, beaucoup de sujets étaient des redites. C'est à dire que les gens parlent entre eux plusieurs fois des même choses, et ceci sans le savoir. Moi, je me souviens de tout ce que j'ai dit à quelqu'un ou de tout ce qui m'a été dit, et ceci sur échelle de plusieurs années. Il y a quelques temps, je ne resoulevais jamais un sujet que je savais déjà abordé ou je coupais mon interlocuteur qui le faisait en lui disant que je savais déjà ce qu'il allait me raconter. La personne, qui elle ne s'en souvenait pas, était souvent prise au dépourvu et il ne restait plus beaucoup de sujets de conversation.
Alors, maintenant, j'accepte que l'on me redise les mêmes choses, ou je répète ce que j'ai déjà dit. Je raconte les mêmes histoires et j'écoute les mêmes aventures, me délectant des conclusions qui diffèrent selon le moment où c'est raconté. Lorsque quelqu'un me parle, j'essaie d'avoir une oreille distraite car ainsi j'aurai peut-être quelques nouveautés le jour où il me racontera tout cela à nouveau. Et j'ajouterai même que je fais des efforts pour oublier, pour ne pas me souvenir. Je me force tout simplement à avoir mauvaise mémoire.
J'ai souvent aussi essayé de couper le robinet du savoir. Toutes ces informations qui vous arrivent en même temps : les paroles des gens, leurs gestes, leur regard, ce qu'il se passe à l'intérieur, dehors, une télévision qui marche non loin, le canapé, la chaise, la table, le tableau accroché, le sol, les murs, le plafond, bref : tout. Et toutes ces informations sont réactualisées sans cesse, même pour ce qui n'est pas censé bouger, comme un mur. Même dans ma chambre, je ne peux pas lire sans avoir conscience du bruit (ou du silence), de la lumière, de mon amie à mes côtés, de ma couverture, du lit, du sol, des murs et du plafond. Alors je ne vous parle pas de cette saleté d'internet dont il est impossible de faire le tour.
J'essaie donc de ne plus faire attention à toutes ces informations, à ne plus faire attention aux gens dans le métro, à me moquer des l'actualité, à me concentrer uniquement sur les paroles de mon interlocuteur. Mais c'est mission impossible. Ce serait comme proposer l'épreuve de marathon des JOs sur une piste de 400.
Donc je lutte, tout en essayant de développer ma personnalité propre.