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Ego Or Not
11 janvier 2005

Les ailes rognées de l'albatros

Lorsque j'étais à l'école primaire, je n'avais pas d'amis. Seulement des camarades de jeu que j'allais voir lorsque l'envie m'en prenait. Cependant, je faisais pas mal de sport ce qui me permettait d'être avec des enfants dont l'intérêt se situait autour de l'activité physique. Les sujets de conversation étaient tous trouvés et mes amis se trouvaient plutôt dans le club sportif.

Arrivé au collège, je me suis confronté à des élèves qui s'estimaient scolairement en concurrence avec moi. Ils pouvaient me passer devant, cela ne me posait aucun problème. De toutes façons, j'avais toujours le sport pour me défouler. Cela s'est un peu gâté en quatrième, car j'ai cessé toutes mes activités sportives (ces étranges décisions de l'adolescence). Le résultat a été immédiat : les professeurs ne voulaient pas me faire redoubler car ils estimaient cela inutile à cause de mon manque de motivation. En clair, j'étais moins bon que les redoublants et il vallait mieux se débarasser de moi au plus vite. Cette chute scolaire est sûrement due aussi à mon entrée dans l'adolescence. Je n'écoutais même plus les professeurs et ne prenais même plus la peine de répondre aux questions des devoirs. Je m'étais enfermé dans mon monde 24h/24, ne voulant même pas en sortir le temps d'une interrogation. Ce sont les larmes de ma mère qui m'ont fait revenir sur terre.

Au lycée, où j'avais repris le sport, j'ai commencé à me socialiser réellement. J'ai été, pour cela, beaucoup aidé par cette activité physique, car comme sportif je passais pour un type "cool". Cependant, j'avais toujours un pied dans mon monde. Lors d'une discussion, je voyais bien que mon avis était rarement compris et passait pour marginal, même s'il s'avérait que j'avais raison plus tard. Bien qu'apprécié, deux événements me firent prendre réellement conscience qu'il y avait un gros problème. Tout d'abord, lors d'une conversation de plusieurs personnes, je pouvais rester silencieux pendant une heure complète, écoutant seulement. Un jour, un copain me le fit remarquer, pointant le fait qu'il y avait là quelquechose d'anormal. Mais comme il était lui-même un peu marginal, je l'ai appris gentiment. J'ai donc commencé à parler lors des conversations, donnant mon point de vue ou racontant ce qu'il se passait dans ma tête. Seulement, ce qu'il se passait dans ma tête était assez différent de ce qu'il se passait dans celle des autres. Le second événement fut donc le jour où un autre copain me dit que je racontais parfois des choses bizarres.

J'ai alors beaucoup travaillé sur moi afin de communiquer avec mon entourage. D'autant plus qu'au lycée, j'avais la chance d'être entouré d'amis avant même d'avoir à me mettre "à niveau". Les choses ont donc pu se faire progressivement, et surtout, certains de ces amis me permettaient de continuer à être marginal dans ma façon de pensée. Ils ne jugeaient pas négativement la chose, sachant qu'il y avait sûrement une chose importante à tirer de ce que je disais. Ils savaient aussi que j'avais besoin de partir, parfois, dans mon monde. Certaines de ces personnes sont toujours mes amis. Raconté ainsi, pour une personne ne l'ayant pas vécu, ceci peut ressembler à de la folie. C'est en réalité une façon de communiquer et un mode de pensée différents.

La raison pour laquelle je m'étends sur mon passé est pour signaler le fait que j'ai eu la chance d'avoir un entourage compréhensif et intelligent, que ce soient mes parents ou mes amis. Lors de ces périodes clés de ma vie, j'ai toujours eu leur soutien, notamment affectif. Je n'ai jamais été poussé par mes parents là où je ne voulais pas aller, mais ils se sont toujours rappelés à mon bon souvenir lorsque je m'égarais ou lorsqu'un conseil était nécessaire. J'ai aussi rencontré, adolescent, des amis qui acceptaient cette différence, sans pour autant me laisser me complaire dans cette différence. De plus, j'ai eu la chance d'avoir le sport comme tremplin social important et comme éxutoire. Je possédais un autre sujet sur lequel prouver ma valeur et dans lequel il est plutôt bien vu d'exceller.

Dans ma construction, je n'ai donc eu qu'un seul faux pas, dont je suis finalement le seul responsable, c'est-à-dire mon année de quatrième. Mais une mauvaise expérience est-elle nécessairement négative ? Non, bien sûr. Elle fait partie de ce qui m'a construit. Comme je ne suis pas psychologue et que je n'ai aucune prétention de pouvoir généraliser quoi que ce soit, je me contente donc de mon expérience personnelle. Je sais que j'ai frôlé la catastrophe scolaire, mais que finalement j'ai eu la chance d'avoir une vie équilibrée et de m'épanouir à l'intérieur de celle-ci. Je n'ai malheureusement pas de réponse, seulement un témoignage positif.

Je ne me suis pas rogné les ailes, mais j'ai arraché quelques plumes pour voler moins haut et moins majestueusement. L'avantage, c'est qu'elles repoussent.

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Commentaires
J
Tout est relatif... très relatif...
M
t'as eu du bol tu sais ...
Ego Or Not
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