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Ego Or Not
12 janvier 2005

Expérience, passion et lassitude

Les expériences représentent une grande partie de ma vie. Enfant, je pouvais rentrer une heure plus tard de l'école uniquement parce que j'avais vu un insecte sur le chemin, et que je l'avais observé vivre ou que j'avais essayé de créer des réactions chez lui. Rien d'anormal pour un enfant. Seulement les expériences ou observations se répètent sans cesse, et lorsqu'il n'était pas possible pour moi d'avoir à disposition ce que je souhaitais voir, l'encyclopédie parentale devenait un sérieux atout. Entre 8 et 10 ans, j'ai du en lire plus de 80%, sans compter la masse de bouquins empruntés à la bibliothèque (le mercredi, j'y passais jusqu'à 3 fois pour rendre et reprendre le maximum de livres). L'avantage, lorsque l'on est enfant, c'est que tout est nouveau et la masse de connaissance à acquérir semble infinie.

Lorsque l'on devient adulte, loin de s'amenuiser, le champ des connaissances devient de plus en plus grand. Il y a tant de choses à savoir que cela donne envie de s'y plonger tête baissée. Seulement il va falloir effectuer un choix cornélien : se contenter d'un domaine précis pour l'explorer jusqu'à plus soif, ou bien s'attaquer à plein de sujets en restant toujours superficiel.

J'ai choisi la dernière solution. Déjà parce que j'ai le sentiment de faire trop rapidement le tour d'un sujet, et que celui-ci perd donc très vite de son intérêt. Tant qu'il y a de la nouveauté, ça marche pour moi. Mais il faut qu'il y en ait toujours, encore et encore. Je me sens plus heureux en débutant plein de choses, malgré une petite frustration de ne jamais rien mener à bout (enfin je ne vois pas trop comment mener à bout la réunification de la physique quantique et relativiste). Donc je m'intéresse à la physique, aux mathématiques, à la littérature, aux sciences humaines, mais aussi à la cuisine, au bricolage, au sport etc... En outre, je ne me contente pas de lire, il faut aussi que j'expérimente. Dans ce sens, la cuisine remplace avantageusement un laboratoire de chimie (ça passe mieux dans un appartement).

Malheureusement, encore une fois, lorsque j'ai le sentiment (ce qui n'est dons pas forcément la réalité) d'avoir fait le tour d'une question, je m'en désintéresse. J'ai beau tout faire pour essayer de continuer, surtout si des personnes attendent de moi, mais c'est très difficile. Mes pensées sont ailleurs. Vouloir revenir sur ce qui a été fait se transforme en une lutte intérieure difficile à vivre. Lors de mes études, j'ai été obligé de changer de domaine lors de mon passage en licence. Puis, après mon bac+5, j'ai intégré un autre troisième cycle totalement différent car je ne pouvais plus continuer dans mon domaine. Domaine qui m'intéressait énormément à l'époque, mais auquel je n'ai plus du tout touché depuis (et peut-être jusqu'à la fin de ma vie, par choix). Dans peu de temps, je vais changer de métier, car celui que je fais actuellement me semble être fait de redites. Ce blog, par exemple, je sais que je l'arrêterai un jour pas très lointain car je ne pourrais plus revenir dessus.

Le fait de ne rien pouvoir mener à bout est pour moi un véritable handicap. Une chose qui me passionnait devient soudainement d'un ennui profond. Lorsque la nouveauté est là, j'essaie de la mener à bout le plus rapidement possible, car il n'y aura pas de futur pour elle. C'est, par exemple, la raison pour laquelle j'écris pas mal sur ce blog, plusieurs messages par jour. Un jour, je n'aurai même plus envie d'en parler et je serai passé à autre chose. Heureusement, il y a des domaines très vastes dans lesquels je n'ai pas encore posé les pieds. Je me les suis mis de côté afin de ne pas être pris au dépourvu.

Cette gestion de mes centres d'intérêt est très nouveau pour moi. J'ai pris pleinement conscience de ce phénomène que très récemment. Et ce qui est terrible, c'est que j'ai le même sentiment avec mes amis. Lorsque j'en ai fait le tour (encore une fois, il s'agit d'un sentiment et non d'une réalité), ils perdent de leur intérêt, à ma grande peine. Lorsqu'ils m'ont apporté ce que j'attendais d'eux, je n'ai plus rien à espérer. Et c'est aussi une grande crainte que j'ai vis-à-vis de ma petite amie. J'ai peur qu'elle subisse le même sort que, par exemple, celui qui est réservé à ce blog. Cependant, aujourd'hui et depuis quelques récentes années, je gère le côté humain différemment. De mon amie, je n'attends rien. Du coup, tout ce qu'elle m'apporte est une surprise agréable. Je continue à avoir mes multiples centres d'intérêts qui changent au gré du vent, mais sans l'impliquer dedans, me contentant seulement de lui en faire profiter (par exemple ma nouvelle passion de six mois pour la cuisine, ma nouvelle passion de un an pour la voile, ma nouvelle passion de deux semaines pour les mmorpg, ma nouvelle passion de quatre mois pour la psychologie etc). Ainsi, elle prend dedans ce qui l'intéresse elle et ainsi, je l'espère, n'étant pas trop lassée de mes différentes passions ou découvertes.

Et, ainsi, j'espère surtout ne pas me lasser d'elle... Ecrire cela me dégoûte et m'effraie à la fois...

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Commentaires
J
Je comprends, ressens, connais exactement ce que tu décris dans cette entrée. Quant à moi, j'ai 16 ans et porte le sentiment d'avoir tout parcouru, d'avoir fait le tour de toutes les disciplines, aspirant leur essence et substance, en quelques mois... et je passais à autre chose. <br /> Le paranormal, le mystique, le spirituel, dure un peu plus longtemps car ouvre à des dimensions infinies et inexpliquées. Mais l'insignifiance... l'insignifiante suprême jaillit de ces carcasses vides qui sont autant de passions abandonnées... l'occasion encore, encore et encore, d'errer d'un centre d'intérêt à une autre pour éviter... à tout prix éviter l'instinct de mort qui apparaît dès que l'esprit n'a plus d'ancrages dans la réalité d'une passion.
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